To Telema Mpo Na Kongo

To Telema Mpo Na Kongo

Hommage à mama Kimpa Vita

Son nom en latin Signifie « vie » Rosée du matin Larme de pluie Monte, roule et coule
Sur ma joue Je fixe ce monticule Et j'entends : en joue ! Feu… le bûcher… feu ! Horreur et damnation ! Kimpa ! Est-ce un jeu ? Non, car je perçois le son De ta voix qui s'élève
Au-dessus des flammes Qui sucent ta sève…Femme ô Femme ! Tu as osé faire
Ce qu'aucun homme N'a pu : être Pour le royaume L'étoile brillante De la résistance
C'est pourquoi tu hantes  A jamais nos existences…


28/10/2007
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L´irréductible KIMPA MVITA

Pour commémorer une des premières combattante de la liberté congolaise contre

Les usurpateurs étrangers portugais :

L´irréductible KIMPA MVITA

1706 - 2006 – 300 ANS

Le 02 juillet 1706. Accusée de xénophobie, d'hérésiarque et d'être possédée par les démons, les missionnaires capucins portugais, dont le père Lorenzo la firent pourchasser. Arrêtée par ses sbires portugais bien armés dans la forêt de Pendele où elle était en retraite spirituelle, les pères Lorenzo et de Bernado la jugèrent et la brûlèrent vive publiquement aux bûchers avec son enfant à Divululu, en présence du roi Pedro IV, descendu de mont Kibangu.

Kimpa Vita, en flammes, avertit dans ses dernières volontés qu'un enfant naîtrait , le fils de Dieu, pour mettre fin à la barbarie de l'homme étranger. « Que m'importe de mourir maintenant ? Ce pas, maintenant ou jamais, j'ai à le franchir dans ma vie. Ma personne physique n'est autre chose qu'un peu de motte de terre. Je n'en accorde aucune importance. Un jour ou l'autre ce corps se réduira en poussière, en cendre. Cependant, mon esprit, mon âme exalteront la gloire du Très Haut Nzambi-a-Mpungu Tulendo. Nul ici bas ne peut en disposer. Et Dieu pourvoira un autre plus puissant qui arrivera à bout de l'envahisseur. »

Depuis, les Kongo attendent dans la ferveur et la foi en Dieu le Tout Puissant, celui qui les libérera. Cette Etoile Nouvelle qui brillera à jamais et dont la lumière inextinguible pour le salut du peuple Kongo est attendue dans la douleur et les servitudes imposées par l'invasion massive de l'étranger.

                                 CANTIQUE DE KIMPA VITA 1703

Après la conversion de Nzinga Nkuwu et de sa famille, avec la cohorte de capucins, Afonso ne Mvemba Nzinga, couronné Mani Kongo en 15O6 poursuivit la christianisation du royaume. Le Kongo se détourna de Nzambi-a-Mpungu, délaissant ses propres rites spirituels, cultuels et culturels. Par les baptêmes, ils abandonnèrent les noms signifiants kongo et empruntèrent les barbares noms pour l'ensemble portugais. Ainsi Nsaku, vaillant lieutenant de Mani Soyo qui fut enlevé par Diego Cao en 1487, devint Dom Alvaro (Ndoluvualu) à sens et insignifiant, Nsimba Mpanzu devint Dom Joao (Ndonzuawu), roi de Bula ...

L'entourage conseil du roi n'était plus le Mani Vunda ni le Mani Lumbu et ni tous les mani des provinces. Affonso ne Mvemba Nzinga fut sous l'influence spirituelle et politique de Mani Mputu, ceux que les besikongo désignaient les nkadi-a-mpemba ( diables) , tous les brigands, marchands et tous ces prêtres prêchant la bonne parole la journée aux kongo et cohalisant les nuits pour les pratiques d'esclavage aux côtés des commerçants et assassins venus du Portugal.

Face à tant d'efforts et la volonté inlassable de Ne Mvemba Nzinga à convertir le Kongo au christianisme,  les résultats furent maigres. Les rois portugais et les papes de Rome ne s'intéressaient guère à la christianisation du Kongo. La religion et la conversion visaient à imploser le puissant royaume. Leurs intérêts majeurs portaient plus spécialement aux richesses et à la traite d'esclaves. Affonso ne Mvemba Nzinga, comme son père Nzinga Nkuwu, se repentit et se lamenta de sa conversion. La volumineuse correspondance diplomatique de la coopération technique : médecins, enseignants, maçons, etc... demeurait sans suite. Il implora Nzambi-a-Mpungu afin de redonner au Kongo la nouvelle voix pour guider le peuple. Mvemba Nzinga s'amenda dans des prières pour avoir facilité les écarts de liberté de besimputu qui infériorisaient les besikongo, les exploitaient et les arrachaient de force de leur terre pour les vendre comme marchandises en Europe, via l'Ile de Sao-Tomé et toute la côte ouest atlantique.

« Nzambi-a-Mpungu, tu as envoyé vers nous ces hommes venus de Kalunga ( de haute mer). Ils nous ont apporté par ton nom, ton Fils le sauveur que Toi Nzambi-a-Mpungu n'a pas porté à notre connaissance. Nous avons cru à cette trinité. Par Lui, tous les hommes créés par toi dans ce bas monde seraient tous frères. Ton peuple ne Kongo a abandonné les pratiques de notre adoration pour devenir chrétien. Mais voici que tous nos efforts de porter le nom du Christ à travers le royaume nous conduisent à des éclatements des clans, à des guerres fratricides initiées, provoquées et soutenues par ces besimputu, notamment les nganga za Nzambi qui distribuent les batons qui crachent le feu à la place de ton message et tuent les nôtres. Les hommes de Dieu qui nous baptisent  participent à ces crimes odieux et ce macabre commerce perpétré contre ton peuple. S'ils n'en sont pas les promoteurs, ils font de nous, par leur enseignement biblique, des esclaves. Les enfants et les femmes dans les bateaux qui les transportent loin de tes terres, de l'autre côté de la mer sont jetés par dessus les bords. Nous nous détestons et nous nous entretuons par leurs conseils. Ton royaume devient un spectacle de mer de notre propre sang. Nous-sommes-nous égarés devant ta face ? Nzambi-a-Mpungu, fasse que l'oeuvre que nous avons entreprise soit un havre de paix dans notre paisible Kongo. Que ta clémence nous éclaire dans tes sentiers afin que le royaume donne un enfant du pays pour guider ton peuple vers Toi, selon ta recommandation. »

A la fin du règne de Affonso ne Mvemba Nzinga vers 15O6, le royaume fut en décadence avec la bénédiction des capucins. Les dynasties claniques, les Nlaza et les Mpanzu, se disloquèrent et s'affrontèrent pour la succession au trône. Chaque province devint un royaume, le plus fort de la dynastie, le chef de clan, de se proclamer roi. Ainsi, Soyo, Mbamba, Nsundi, Bula, Nkusu, Ambriz, Matamba, etc devinrent des royaumes et se firent les guerres soutenues par les groupes portugais différents : catholiques, commerçants, marchands d'esclaves qui armaient les besikongo les uns contre les autres durant près de trois siècles.

A la naissance de Kimpa Vita, Mbanza Kongo la capitale fut plusieurs fois détruite, entièrement brûlée. Ses rois et princes décapités. A vingt ans, la jeune prophétesse débuta à reconstruire la Capitale de ses propres mains avec l'aide de ses partisans. Elle entreprit les campagnes d'enseignement afin que Nzambi-a-Mpungu redonnât vie au Royaume et fît renaître son unité. Sa devise : Un seul Nzambi-a-Mpungu, un seul Kongo, un seul royaume, un seul roi et une seule capitale, Mbanza Kongo. Alors forte de ses convictions, de sa foi en Nzambi-a-Mpungu, elle parcourut toutes les provinces du royaume, harangua les foules de villages en villages. Elle promit au peuple de se rendre à Bula, auprès de Jean et à Kibangu, auprès de Pedro IV en vue de se faire remettre les insignes royaux avant l'élection du nouveau roi à Mbanza Kongo. Elle convoqua tous les prétendants à se rendre dans l'unique capitale de Kongo dia Ntotila présenter sa candidature.

S'attaquant violemment aux symboles de la croyance ancestrale et surtout à la nouvelle religion de Mputu qui remplaçait les nkisi par les icônes, les chapelets, les crucifix et les effigies des saints, objets de nouvelles idôlatries des besikongo, Kimpa Vita ordonna de les brûler tous sans distinction. La jeune Kimpa vita reprenant les complaintes  et les espoirs de mama Mafuta, lutta pour l'unité du royaume, pour le retour des kongo vers Nzambi-a-Mpungu. Ainsi sa prière, son cantique à travers tous le royaume.

Kiadi, kiadi !

Miséricorde, miséricorde !

Malheur à toi, ô Kongo,

Terre de nos ancêtres,

Tu as délaissé Nzambi-a-Mpungu

Tu as de l'adoration pour les idôles étrangères.

Malheur à toi, Tu as abandonné ton créateur

Pour t'aliéner aux dieux  d'outre mer à trois personnes.

Ô Kongo, ô Kongo,

Le siège, le Trône sacré de Dieu vivant

Terre sainte  promise, souillée et avilie,

Kongo, ô Kongo

Terre qui a donné la semence de l'homme

Toi qui as vu naître sur ton sol l'Enfant Roi, Sauveur du monde

Ton peuple, par tes rois, se donne à l'idôlatrie immonde

Je monterai, oui,  je ponterai vers le mont Kibangu ! pour que Kimbangu vienne.

J'irai, oui, j'irai parler  à Ne Agua ne Mpanzu-a- Nzinga

Je l'enjoindrai au nom de Nzambi-a-Mpungu

Oui, Ndompetelo descendra pour régner à Mbanza Kongo

Ndompetelo régnera comme seul roi de Kongo

Ô Mbanza Kongo, la glorieuse cité des Rois,

Le coeur du Royaume céleste des anges

C'est là que je dois me tenir envers et contre tout

D'un coin à l'autre de cette terre sacrée Kongo,

Vénérée de Nzambi-a-Mpungu Dezo

En son nom, je me dresserai contre les tempêtes de mer

Ô Mbanza Nkongo ! Eh  vous, besi Kongo !

Venez, mes frères, mes soeurs, vous tous

Fils du Glorieux et vaillant Kongo

Ce radieux pays béni de Dieu est à Nous

Nzambi-a-Mpungu a promis cette terre à Nous ses élus

Venez tous m'y joindre pour le défendre

Ô Mbanza Kongo, Mbaza Kongo

Je vous le dis, ô mes enfants

C'est ici la cité des rois,

Béthléem, où va naître l'Enfant Roi, notre Sauveur

La seule demeure de Nzambi-a-Mpungu ici bas

Le jardin sacré où Dieu posa son premier pas

C'est ici que Dieu ramassa l'argile pétrie

Pour la création de l'homme de ses propres mains.

Oui, je monterai au sommet de Kibangu

Où Ndompetelo est maintenu prisonnier par ces prêtres

Je le délivrerai de la pénitence de ces moines

Qui empêchent le Royaume d'avoir son Roi

Ces Nkadi-a-Mpemba qui divisent les besikongo (1)

Qui leur fournissent les batons à feu pour s'entretuer,

Qui favorisent le commerce des besikongo vers Mputu

Qui les jettent dans les eaux tumultueuses de Kalunga.(2)

Leurs petits corps meurtris des morsures des poissons

Ils les balancent comme un fagot de bois

Oui, Ndompetelo, je te persuaderai de descendre de Kibangu,

Les besikongo t'attendent comme leur unique roi,

Ils te reconnaissent et te veulent comme seul Roi de Kongo

Tu trôneras au Lumbu royal de Mbanza-Kongo.

Nous chasserons des terres des ancêtres

Tous les mon pères, tous ces prêtres

Qui ne disent pas la vérité et blasphèment Nzambi-a-Mpungu

Kiadi, kiadi !

Malheur à toi, ô peuple ne Kongo !

Débout et marchons ensemble

Libérer l'Ame du Royaume des magies de Esimputu

Nous brûlerons tous les fétiches, tous les crucifix des capucins

Et Mbanza-Kongo tu vivras, retrouver l'âme des ancêtres

Nous te libérerons de toutes les idôlatries

Ta lumière rayonnera à nouveau à travers l'Univers

Et seuls les besikongo, tes enfants, te reconstruiront.

Oui, nous te relèverons de toutes ces ruines, des cendres

Oui, nous panserons tes plaies.

Du nord au sud, de l'est à l'ouest

Nous rétablirons l'unité des terres de nos aïeux

_______________________________________

(1) Nkadi-a-mpemba : satan, serviteur de diable en opposé de nganga -Nzambi.

(2)Kalunga, Étendue infinie d'eaux, l'océan.

Nous laverons le sang de tes fils qui jonche ton sol

Tes fils essuieront les larmes de tes joues

Ils sortiront ton visage fané de creux de tes mains

Nous retrouverons la face cachée de Nzambi-a-Mpungu.

Qui nous guidera et éclairera notre chemin.

Au nom de tous les aïeux.

Chaque matin, chaque soir, chaque jour et chaque instant de la nuit, dans un coin de sa demeure à Mbanza-Kongo, Kimpa Vita chantait, se lamentait, évoquait et invoquait les ancêtres et Nzambi-a-Mpungu Tulendo.

Elle priait, elle pleurait, adressant ses complaintes vers le ciel, à Nzambi-a-Mpungu pour l'unité du Royaume, pour le roi et pour le Kongo.

En mai 1706, Dom Pedro IV descendit du mont Kibangu et s'établit sur le plateau de Divululu. Sous la pression et avec la complicité des moines Bernardo da Gallo et Lorenzo da Luca, Kimpa Vita fut arrêtée dans la forêt de Mpendele où elle se retira pour la retraite des prières. Elle ne vit pas monter sur le trône de Mbanza-Kongo comme l'unique roi Agua ne Mpanzu-a-Mvemba Ndompetelo IV. Les chanoines capucins Bernardo et Lorenzo, conseils et protecteurs spirituels de Pedro IV, jugèrent la jeune Kimpa et la firent brûler vive publiquement pour frapper la conscience de ne Kongo et surtout terroriser ceux qui s'opposeraient à l'expansion de la civilisation occidentale. Ils s'en lavèrent les mains inno-cemment. «Les besikongo, ces sauvages, réglaient leur compte de succession», se défendirent-ils. En 1709, trois ans après l'exécution bénie de Kimpa Vita par les capucins, la main pontificale de Rome par la bulle papale couronna Aghua ne Mpanzu roi du Kongo sous le nom baptismal Don Pédro IV. Il fut reconnu l'unique Roi du Kongo par les rivaux, excepté Ndo Nzuawu ne Nlanza Mpanzu (Jean), roi de Bula.

In Ephémérides kimbanguistes – Simon Enée Nsiangani – 2004 – Editions EKI. – http://perso.wanadoo.fr./kimbangu.net

Je remercie, ô combien la Bibliothèque de l´Eglise Kimbanguiste d´avoir mis à ma disposition ce document de valeur inestimable pour l´analyse de la généalogie de la liberté congolaise. MK

Posté par Musengeshi Kat à 18:59 - Meilleur choix de l´auteur - Commentaires [7] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

Commentaires

L´Amazone du Congo

C´est dommage que beaucoup de personnalités qui ont lutté et oeuvré pour la liberté, la souveraineté et l´intégrité de l´homme noir et de son continent soient par trop souvent oubliés dans l´histoire tronquée que nous ont inculqué les colonisateurs. Il est grnd temps que ces figures légendaires reviennent rendre à nos enfants le sens réel de notre histoire et l´idéal pour lequel ils se sont battus et ont été vilement assassinés. Gloire à toi ô Kimpa Mvita, guerrière et amazone de la liberté!

Posté par Shaka Bantou, 26 janvier 2006 à 22:13

utiliser la force e l'image pour devoir de mémoire

je pense que l'histoire de kongo est très riche en évènement et en combattant de la cause noir. ceux qui ont fait des recherches historiques savent que parmis la dispora noire des amériques ,ces histoires font encore échos.
je pense qu'il serait interessant que dans le cadre du devoir de mémoire et par solidarité entre les générations que , les kongo produisent des films et même dessins animés d'histoire fiction sur notre peuple. je pense qu'il y a moyen et que seule la volonté fait défaut....bon j'espère que les kongo passeront le pas et arrêteront de déléguer aux autres la mémoire du peuple

Posté par hadi nzeza, 02 mai 2006 à 22:01

Comprendre l´histoire et la vivre.

Je n´ai rien contre une projection imagée de l´histoire, encore faut-il que cette expression culturelle soit entretenue et propagée efficacement dans la société. Est-ce le cas au Congo et en Afrique tout court? Non, n´est-ce pas. Tout tourne autour de l´état socioéconomique de ce continent. Voilà pourquoi l´économie, la libération économique, financière, politique est à ce moment à l´ordre du jour en Afrique. L´Amérique latine nous montre par ses efforts récents que cette libération est incessible pour chaque peuple, pour toute culture qui se respecte. Autre chose qui est réellement important et qui accompagne cette révolution des moyens est la connaissance et la pensée critique créative: l´instruction et l´orientation technique de réalisation. Avoir une belle histoire ne suffit donc plus, il faut non seulement la comprendre, l´aimer et en transmettre les valeurs nourrissantes aux enfants d´une facon ou d´une autre, mais aussi l´épanouir et surtout la défendre. Mais croyez-moi, et parce que les africains négligent toujours le côté économique de l´existence pour s´en remettre par trop souvent ou se confier aveuglément aux occidentaux qui, eux ne poursuivent que des buts occultes de soumission et de domination, sans vaincre la misère et la désolation actuelle de l´Afrique, tout beau héritage culturel, toute belle historicité ne vaut pas un penny, car les gens sont plus occupés à régler ce problème qu´à célébrer leur legs historique. Et c´est ce point que l´homme noir, à mon avis, depuis 600 ans, pêche par manquement et incompétence. Celui qui dit le contraire est, à mon avis un charlatan dangereux et primitif. Musengeshi Katata
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu

Posté par Musengeshi Kat, 02 mai 2006 à 23:29

l'indomptable kimpa vita

Merci pour l'intérêt porté à ce volume.
Et surtout de tous les commetaires combien positifs que vous aveza apportés à cet égard.
Le Congo, l'Afrique et le monde a soif de la vérité, de toute la vérité.
Kimbangu disait : Dieu a créé le monde avec Amour. Les couleurs et la diversité qui lui plaisent sont une harmonie d'arc-en-ciel pour l'unicité de l'univers.
Dieu ne s'était pas trompé, Il ne se trompe jamais.
Mais les humains ont profité de ces différences pour contredire les voeux de Nzambi-a-Mpungu. Il n'y a que les africains et les noirs pour comprendre Nzambi-a-Mpungu.

Encore une fois merci et bon courage. Vos réflexions méritent une chaire d'école.


28/10/2007
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Sur la vraie spiritualité du Kongo

Le Peuple Kôngo, les Bena Kôngo, les Ne-NKONGO ou les Bakôngo n'ont pas attendu les Patriarches Juifs : Abraham, Noé, Isaac, Jacob, Joseph, etc. pour connaître les Lois Divines, croire en Dieu Tout-Puissant, Créateur de l'univers visible et invisible et L'adorer avec plus de respect et de conviction même que les Missionnaires Chrétiens Européens venus apporter la Bible aux Noirs !

Les Bena Kôngo n'ont pas attendu Jésus-Christ, qui fut envoyé, selon la Bible, par Dieu-Tout Puissant au peuple Juif, pour aimer son prochain et le respecter dans son être et dans son avoir.

Bien avant l'arrivée du Christianisme au Royaume du Kongo et en Afrique (15è siècle !) les BAKONGO étaient détenteurs d'un système religieux et d'une éthique millénaire, qui surprit d'ailleurs les premiers Européens (missionnaires et marchands) débarquant au KÔNGO DIA NTOTELA. Ce système religieux et ce code moral s'appelait (déjà !) : BUNDU DIA KÔNGO. Les vrais spécialistes de l'Histoire de l'Afrique le savent. Les vrais "disciples" de Mfumu KIMBANGU aussi le savent...

Pour preuve, voici ce que dit à ce sujet M. Alphonse BANDZOUZI, brillant écrivain Kimbanguiste vivant actuellement en France, dans son volumineux et très documenté traité sur "LE KIMBANGUISME" (plus de 500 pages !). Ce dernier a été publié en France, en janvier 2002.

"...Dans le Royaume du Kongo, la société était bien structurée et les activités très diversifiées. Le commerce et l'artisanat étaient florissants. Les outils de tous usages et les armes y étaient fabriqués à partir du fer, du bois et de l'argile.

"Sur le plan religieux, la société était monothéiste. Les populations croyaient en un Dieu Tout-puissant, NZAMBI'A MPUNGU... L'unique religion du Royaume s'appelait BUNDU DIA KONGO ou BUNDU DIA NSAKU NE VUNDA, du nom de son premier patriarche.

"Il existait deux pouvoirs dans le Royaume du Kongo : le pouvoir spirituel représenté par son dirigeant religieux et le pouvoir humain représenté par le MANI KÔNGO, le Roi.

"Les sujets du Royaume du Kongo priaient le Dieu Créateur en invoquant aussi des êtres intermédiaires comme les esprits de leurs Ancêtres. Ils connaissaient aussi l'existence de la vie après la mort.

"Dans le Royaume du Kongo, avant l'arrivée des colonisateurs, l'existence de Jésus-Christ, Fils de Dieu, était ignorée.

"Le code moral religieux était très strict et ceux qui contrevenaient aux lois en vigueur étaient sévèrement punis : certains qui commettaient des délits de vol, adultères ou meurtres étaient enterrés vivants, lapidés ou même forcés à avaler une chenille vivante afin que ce dernier puisse déchiquetter les viscères du condamné."

(Alphonse BANDZOUZI, LE KIMBAGUISME, Paris, 2002; page 36)

Je demande au lecteur de ce qui précède de comparer la hauteur du code moral du BUKÔNGO esquissé sommairement ci-dessus avec la licence, le dévergondage et le laxisme du Christianisme, où l'on trouve la pédophilie et d'autres aberrations semblables jusque dans les rangs des Hautes Hiérarchies de toutes les branches ou obédiences chrétiennes !

Le BUNDU DIA KONGO actuel n'est PAS une création de Ne MUANDA NSEMI, mais la simple résurrection du BUKÔNGO millénaire qui fut, au cours des âges, le fil conducteur et l'étoile polaire des Bena KÔNGO, adorateurs du Dieu Unique AKONGO, NE MUANDA KÔNGO, NE KÔNGO KALUNGA, NE MBUMBA, MAWEJA, MVIDI MUKULU, UNKULU-NKULU, NZAKOMBA, NZAMBI DEZO, NZAMBI'A MPUNGU TULENDO, etc...

KÔNGO est le Nom Sacré de Dieu, dans le Bukôngo ou Religion Kôngo. Et "MBANZA-KÔNGO", capitale du Royaume Fédéral du Kôngo, signifie littéralement : La Ville de Dieu , La Ville où Dieu habite !...

Le BUKÔNGO, la Religion Kôngo, qui avait d'abord forcé le respect des premiers Européens arrivant en Afrique au 15è siècle avait fini par être combattu sauvagement, déstructuré et anéanti par eux pour leur permettre de jeter les bases de la déshumanisation des Noirs grâce à la BIBLE, et ouvrir la voie à la précédente Mondialisation capitaliste et esclavagiste.

Voici ce qu'écrivent les auteurs du Rapport de Commission Indépendante sur l'Afrique et les Enjeux du 3ème Millénaire, intitulé : "Vaincre l'Humiliation" :

"Pour l'Afrique, la mondialisation en tant qu'entreprise menée par un pays ou un groupe de pays, en vue de confisquer la souverainet et de s'emparer des richesses naturelles et humaines d'autres groupes de pays, d'institutionnaliser leur état de dépendance et de paupérisation et de violer leurs valeurs culturelles et spirituelles, ne date pas seulement du XXème siècle.

La mondialisation par la violence et la terreur contre l'Afrique remonte à plusieurs siècles

Les bouleversements que l'Afrique a affrontés au cours du 2ème Millénaire sont multiformes et complexes et d'une ampleur sans pareille sur un espace de cette dimension. Ce millénaire a été, sans conteste, celui de la mise en place d'un système global de négation d'une partie importante de l'Humanité, les Noirs, eta fait de l'Afrique un continent à la traîne, humilié et exploité."

(Vaincre l'Humiliation, PNUD, Paris, 2002)

Le fameux baptême chrétien du Roi NZINGA NKUWU, le 3 mai 1491 à Mbanza Kôngo, constituait donc un acte officiel de renoncement au BUKONGO millénaire et un pacte d'adhésion à la doctrine chrétienne qui va signer l'arrêt de mort du Royaume Fédéral Kôngo, son démembrement et son anéantissement progressifs, et ouvrir la voie à la Traite Négrière, à la Colonisation, à l'Apartheid et à l'actuelle Néo-Colonisation du Congo et de l'Afrique ! Il n'y a là aucun mystère, sauf pour celles ou ceux qui ne veulent pas voir !

Dans "Le KIMBANGUISME", l'écrivain Kimbanguiste, Alphonse BANDZOUZI témoigne encore : "...En l'an mil six cent cinquante, une nouvelle Prophétesse nommée Fumaria (en réalité elle s'appelait Mama MAFUTA) apparut dans Mbanza Kôngo. Elle fut contrée par les missionnaires et prise pour une malade mentale. Elle resta méconnue.

De l'an mil sept cent deux à l'an mil sept cent six, une seconde Prophétesse qui s'appelait KIMPA VITA, baptisée Dona Béatrice, enseigna la parole de Dieu et prédit plusieurs merveilles pour le Royaume.

Avec l'aide de Dieu, KIMPA VITA participa activement à la reconstruction de son Royaume. Puis, le Seigneur (càd Tata Nzambi'a Mpungu) s'adressa à son peuple à travers elle pour lui annoncer la venue dans le Royaume d'un homme plus puissant qu'elle, qui viendrait libérer son peuple de cette nouvelle oppression. (càd Mfumu KIMBANGU)

A la fin de sa vie, Dona Béatrice fut arrêtée, jugée et battue violemment sous les ordres du Père LORENZO DA LUCCA et du Père BERNARDO DA GALLO. Elle fut défigurée par les coups que lui assenaient les soldats et ses habits furent rougis par son sang.

Dona Béatrice (càd Mama VITA KIMPA) s'adressa aux Missionnaires qui s'apprêtaient à la faire tuer avec la complicité des autorités portugaises et leur annonça ce qui suit :

"Vous êtes venus à bout de moi, mais celui qui viendra, vous ne pourrez pas le combattre. Il mènera sa mission à terme sans qu'aucune main humaine ne puisse l'atteindre." (càd : Mfumu KIMBANGU)

Les missionnaires demandèrent aux Noirs qui avaient adhéré à l'Eglise Catholique d'aller couper du bois pour monter un bûcher.
La Prophétesse KIMPA VITA fut alors brûlée vive (..) le deux juillet mil sept cent six.

(...) Dans le Royaume du Kongo, les populations asservies invoquaient régulièrement le Seigneur (càd Tata Nzambi'a Mpungu) afin qu'il leur vienne en aide.
C'est ainsi que dans le cas précis d'un mort-né, les familles priaient pour la résurrection du nourrisson en invoquant une force surnaturelle et salvatrice qui était leur Dieu qu'ils appelaient Kimbangu. Ils le faisaient en langue Kikongo en disant : "Kimbangu fula muana !", qui se traduit : "Kimbangu, ressuscite l'enfant !"

KIMBANGU fut donc ce nom qui avait été attribué à l'Eternel dans ce cas précis où la résurrection d'un nourrisson était implorée." (A. Bandzouzi, LE KIMBANGUISME, pages 37-38)

Note : Alphonse Bandzouzi précise bien : "Kimbangu, fula muana !" et non : "Jésus ou Jésus-Christ, fula muana !", alors que la première Christianisation forcée battait son plein dans le Royaume Fédéral Kôngo, dont la capitale Mbanza Kôngo était devenue "San Salvador" !... Au nom de Jésus !
Pr. MAKOSO Nanga K.

Date : 9 - 06 - 2007


28/10/2007
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Biographie

 

Pierre Mulele

1929-1968 

Ancien ministre et chef rebelle

Pierre Mulele naquit le 11 juillet 1929 à Isulu-Matende, un petit village situé dans le secteur de Lukamba sur le territoire de Gungu (Bandundu). Son père, Benoît Mulele, avait fait des études d'infirmier. Il était l'un des premiers intellectuels de la région. Sa mère s'appelait Agnes Luam. Le jeune Pierre bénéficia de 

           

bonnes conditions d'éducation ; son père lui avait appris l'alphabet avant qu'il n'aille à l'école. Benoît Mulele était très aimé par la population de la région d'Idiofa. Il prenait à coeur le sort des malades les plus démunis. C'est dans cet esprit qu'il éleva ses enfants. A l'école, le jeune Mulele était connu pour son aversion de l'injustice. Désigné comme surveillant du dortoir des plus jeunes élèves à l'école moyenne de Leverville (actuelle Lusanga), il ne dénoncera jamais un seul élève.

En janvier 1951, Mulele, jugé «rebelle» et anticolonialiste, fut renvoyé de l'Ecole d'Agriculture. Le directeur l'envoya à l'armée, où il obtint après six mois le grade de caporal.

Très jeune, Mulele était déjà un organisateur. Il comprit très tôt que les opprimés devraient s'organiser pour devenir une force. En 52, il demanda à son ami Fernand Nima de regrouper les anciens élèves de la mission de Leverville qui résidaient à Léopoldville. Nima fonda l'Unamil, l'Union des anciens élèves de la mission Leverville. Après sa démobilisation, Mulele arriva, début 1953, à Léopoldville. Il y fut engagé par la Direction générale des bâtiments civils comme commis de deuxième classe.

Dès son arrivée, Mulele organise au sein de l'Unamil des causeries contre le colonialisme. Il fut aussi actif dans l'Apic, l'Association du personnel indigène de la colonie, une organisation syndicale. Dès 1953, il se lance dans une campagne visant à obtenir l'égalité des droits entre les fonctionnaires blancs et noirs. Cette campagne pour «le statut unique» impulse la prise de conscience nationaliste de nombreux « évolués ». Le 10 octobre 1958, Lumumba fonde le Mouvement National Congolais (MNC). Mulele estime que ce parti est trop lié aux colonisateurs puisque des éléments comme Ileo et Ngalula, proches de l'Eglise catholique et de l'administration coloniale, se trouvent à sa direction. Ce n'est qu'en juillet 1959 après les défections de Ileo, Ngalula, Kalonji et Adoula. que le parti de Patrice Lumumba trouvera grâce aux yeux de Mulele qui va encourager le rapprochement avec le Parti Solidaire Africain, à la naissance duquel il a participé.

C'est la révolte de Léopoldville, qui a précipité la fondation du Parti Solidaire Africain, comme en témoigne Pierre Mulele : «Les nôtres se sont vaillamment battus sans armes. S'ils avaient disposé d'une bonne organisation et d'armes en suffisance, ils auraient pu libérer la ville».

La mort de Lumumba pousse Mulele à entrer au maquis

L'assassinat de Patrice Emery Lumumba en janvier 1961 a profondément révolté Pierre Mulele. Ce qui le conduira quelques années plus tard à prendre le maquis dans sa région natale du Bandundu pour poursuivre l'œuvre du « maître ». De décembre 1967 à septembre 1968, Pierre Mulele et ses lieutenants, dont sa fidèle compagne Léonie Abo, installés à Matende-Lukamba, animent le mouvement insurrectionnel. Harcelé par les troupes de Mobutu et ses mercenaires, Pierre Mulele qui doit faire face à d'insurmontables difficultés logistiques, continue inlassablement à poursuivre la formation politique et idéologique de ses partisans. Mais les renforts en armes, en hommes et en cadres lumumbistes qu'il attend de Brazzaville tardent à venir.

C'est ainsi que le 12 septembre 1968, en compagnie de Léonie Abo et de Joseph Makindua, Pierre Mulele embarque dans une petite pirogue pour Brazzaville. Arrivés dans la petite capitale congolaise le 13 septembre, Mulele et ses compagnons sont immédiatement placés en résidence surveillée au « Camp de la milice ».

A plusieurs reprises, le chef maquisard va s'entretenir avec de nombreux officiels de Brazzaville. Le 27 septembre, il est enfin autorisé à rencontrer ses compatriotes, des camarades lumumbistes résidant à Brazzaville. Mais les autorités du Congo-Brazzaville déjà en pourparlers avec leurs collègues de Kinshasa intiment pratiquement à Pierre Mulele l'ordre de rejoindre la rive gauche du fleuve pour prendre part au processus de réconciliation nationale dans le cadre de l'amnistie générale proclamée par le président Mobutu. Selon plusieurs témoignages, de nombreux cadres lumumbistes exilés à Brazzaville vont essayer, en vain, de convaincre les autorités de ce pays de ne pas tomber dans le piège que leur tendait Mobutu.

Le 28 septembre, Justin Marie Bomboko, le ministre des Affaires étrangères de Mobutu signe avec son collègue de Brazzaville un accord secret qui garantit la sécurité de Pierre Mulele et de ses compagnons. A la sortie de l'audience que lui accorde le président Marien Ngouabi, le ministre Bomboko déclare : «L'amnistie générale décrétée à Kinshasa par le général Mobutu, est valable pour tous. Nous accueillons donc M. Mulele en frère. Il travaillera avec nous pour la libération totale de notre pays».

Le retour à Kinshasa

Le 29 septembre à 11 heures, Justin Marie Bomboko offre une somptueuse réception sur le yacht présidentiel que Mobutu a mis à sa disposition pour ramener au pays Pierre Mulele. Le tout Brazzaville et le héros du jour, Pierre Mulele, y participent. En début d'après-midi, l'imposant yacht met le cap sur Kinshasa. A son bord Pierre Mulele, Léonie Abo, Joseph Makinda, et deux autres compagnons, Théodore Kabamba et Zénon Mibamba.

Pierre Mulele et sa femme, hôtes de Justin Marie Bomboko, passeront la nuit dans la résidence officielle du ministre des Affaires étrangères. Les trois jours suivants, Pierre Mulele recevra dans cette résidence des dizaines d'amis venus le saluer. La seule formalité qu'ils ont à accomplir est de faire enregistrer leur nom auprès des soldats commis à la garde.

Un des visiteurs, Germain Mwefu, un ami d'enfance, fait à Mulele cette confidence : «A l'extérieur, nous entendons des rumeurs disant que l'on va te tuer. La situation est grave, il faut que tu prennes la fuite.» Ce qui lui vaut cette réponse énigmatique de Pierre Mulele: «Je ne suis pas allé à Brazzaville pour arriver à Kinshasa. Il y a eu un changement là-bas et cela m'a amené ici. Il y a trois choses: la naissance, la vie et la mort. J'ai fait tout ce que je pouvais, j'ai semé les bonnes graines, elles ne sont pas tombées sur les rochers mais dans la bonne terre. J'attends maintenant mon dernier jour.»

Le 2 octobre, soit le quatrième jour de son retour à Kinshasa, vers 17 heures, Pierre Mulele, sa compagne Abo, une de ses soeurs Thérèse et son camarade Zénon Mibamba prennent place à bord d'un véhicule mis à leur disposition par le ministre Bomboko. Après avoir traversé le boulevard du 30 juin, le chauffeur qui a reçu des ordres, emprunte l'avenue du 24 Novembre et les conduit enfin au camp militaire Lieutenant colonel Kokolo où les a déjà précédé Théodore Bengila. Ce dernier apercevant Mulele lui lance : «Vous aussi, vous êtes venus pour qu'ils nous tuent tous ensemble?

Toutes les personnes qui étaient venues cet après-midi là rendre visite à Pierre Mulele dans la résidence de Bomboko, sont également amenées au camp militaire. Parmi elles la mère de Mulele, Mama Agnes Luam et Annie, la fille de Bengila. Toutes ces personnes seront tenues au secret pendant trois mois au camp Kokolo, sans savoir ce qu'il sera advenu de Pierre Mulele.

Pierre Mulele et Théodore Bengila sont immédiatement séparés de leurs compagnons et enfermés dans un petit local.

Un assassinat barbare

Pierre Mulele et Théodore Bengila vont être assassinés au cours de cette nuit du 2 octobre 1968. La cruauté et la bestialité avec lesquelles Mulele et son compagnon d'infortune vont être mis à mort couvriront à jamais d'ignominie et de honte le régime qui a ordonné une telle sauvagerie. Avant de mourir, Pierre Mulele connaîtra des souffrances extrêmes. Alors qu'il est toujours vivant, les bourreaux lui arrachent les oreilles, lui coupent le nez, retirent ses yeux de leurs orbites. Ils lui arrachent ensuite les organes génitaux. Alors qu'il est toujours vivant, ils lui amputent les bras et les jambes. Les restes de son corps seront ensuite jetés dans un sac et immergés dans le fleuve. Théodore Bengila a subi le même sort. Ce meurtre illustre toute la cruauté et toute la bestialité du néo-colonialisme qui, depuis 1960, a ravagé et détruit le Congo. Le devoir de mémoire nous impose de revisiter ces témoignages insoutenables et d'évoquer l'horreur et la barbarie de la mise à mort de Pierre Mulele.

Le président Mobutu prétendra quelques années plus tard, que la mise à mort de Pierre Mulele avait été l'initiative d'un petit groupe d'officiers indisciplinés qui voulaient venger leurs camarades tombés dans les combats contre les maquisards au Bandundu. Ce qui est une flagrante contrevérité, car Pierre Mulele a été assassiné le jour même où le général Mobutu qui était à l'étranger, est rentré à Kinshasa.

A juste titre, le livre du belge Ludo Martens « Pierre Mulele ou la seconde vie de Patrice Lumumba », publié en 1985, se termine sur ces phrases: «Lumumba et Mulele assassinés, on n'a jamais retrouvé leurs corps. Mais rien ne pourra empêcher les révolutionnaires du Congo-Kinshasa de retrouver la pensée de Lumumba et de Mulele. Le jour où l'avant-garde des forces nationalistes aura assimilé cette pensée, un nouvel espoir naîtra dans le coeur des millions d'opprimés, rendus muets depuis vingt ans. (...) Dans cet immense cimetière qu'est devenu le Congo mobutiste, la vie rejaillira immanquablement et avec impétuosité sous le drapeau des deux héros nationaux qui font à jamais la fierté du peuple congolais: Patrice Lumumba et Pierre Mulele.»

Tel fils, Telle mère

Dix ans après l'assassinat de Pierre Mulele, Mobutu juge nécessaire d'exécuter sa vieille mère, Agnès Luam. En janvier 1978, dans la région de Lukamba, un prophète du nom de Martin Kasongo Mimpiepe prétend être Mulele ressuscité. L'armée, qui fait la chasse aux nouveaux mulelistes qui se sont réfugiés dans la forêt massacre quelque deux mille paysans de la région d'Idiofa. Tous les membres du clan et toute la parenté lointaine ou proche de Mulele sont particulièrement traqués. C'est ainsi que Mama Agnès Luam, la mère de Pierre Mulele, est arrêtée et exécutée devant les villageois de Lukamba.Dans un texte rédigé par des témoins le 28 avril 1978, on lit: «Les militaires lièrent la maman avec des cordes en formant une croix ». Avant qu'elle ne soit fusillée, elle interpella les soldats en ces termes: « Vos mamans vous ont mis au monde; est-ce qu'elles savaient que vous deviendriez des militaires? ». Les soldats tireront à plusieurs reprises sur elle avant que leurs balles ne l'atteignent. Ils couperont ensuite, avec des poignards, son corps en plusieurs morceaux qu'ils enterreront en différents endroits.

Au coeur de Kinshasa, l'avenue Pierre Mulele

Le matin du 8 février 2002, le gouverneur de la ville, le professeur Loka Ne Kongo, signe l'arrêté suivant : «Considérant le combat historique mené par Pierre Mulele dans la lutte de libération de la République démocratique du Congo, considérant le martyre subi par ce combattant de la révolution pour la sauvegarde de l'indépendance et de la souveraineté, considérant le devoir de l'immortaliser dans l'histoire de la ville de Kinshasa, le gouverneur arrête: Article Un, - l'Avenue de la Libération est rebaptisée Avenue Pierre Mulele.»

C'est un événement de taille, comme l'affirme le général major Faustin Munene, neveu de Pierre Mulele: «C est une très grande, une très belle journée!». Ce 8 février 2002, une cérémonie émouvante a lieu au centre de Kinshasa. L'avenue qui, en 1968, a conduit Pierre Mulele à la mort au Camp Kokolo a été rebaptisée du nom du martyr. Le ministre Abdoulaye Yerodia, qui préside la cérémonie commence son discours par des mots très simples: «J'ai hâte de dévoiler cette plaque de l'Avenue Pierre Mulele». La voix brisée par l'émotion, il poursuit «Il n'y a pas beaucoup de gens à qui ça fait quelque chose d'entendre le nom de Pierre Mulele. Ce qui n'est pas le cas pour nous qui l'avons suivi dans sa lutte… ».

En effet, le choix de cette rue n'est pas un fait de hasard. Cette avenue de la Libération, qui va porter désormais le nom du chef du maquis du Bandundu s'est appelée autrefois «avenue des Victimes de la Rébellion» et ensuite «avenue du 24 Novembre», jour du coup d'Etat de Mobutu en 1965. C'est bien une revanche qu'elle devienne aujourd'hui l'«avenue Pierre Mulele». Car, comme le rappelle Abdoulaye Yerodia, «Pierre n'a pas de tombe. Sa tombe, ce sont les flots du fleuve, les flots multipliés par le nombre de morceaux de son corps puisque Mulele, vivant, fut découpé en tranches, taillé en pièces dans un endroit qui est toujours là, sur cette avenue qui porte maintenant son nom ».

Adapté des articles de Rich Ngapi (Le Potentiel)


28/10/2007
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Responsabilité morale

Le 16 novembre 2001, la commission produisit un rapport accablant. Dès juillet 1960, le gouvernement belge, sans respect pour la souveraineté du Congo, s’était bien employé à éliminer politiquement Lumumba. Bruxelles avait encouragé les sécessions du Katanga et du Kasaï, qui avaient pour but d’affaiblir l’Etat unitaire, tandis que les grandes sociétés (I’Union minière au Katanga, la Forminière au Kasaï) payaient leurs impôts aux autorités sécessionnistes. Le gouvernement belge obtint que le Parlement vote des fonds secrets d’un montant de 270 millions de francs belges actuels (6,7 millions d’euros). Ce budget considérable, auquel s’ajoutèrent des contributions privées, lui permit de subventionner une campagne de déstabilisation et d’actions secrètes : livraisons d’armes, soutien à l’arrestation de Lumumba, tentative d’enlèvement, préparation d’un attentat... Implacable, le rapport rappelle les propos du ministre des affaires étrangères de l’époque, Pierre Wigny (« Il faut mettre Lumumba hors d’état de nuire »), comme ceux du ministre des affaires africaines Harold d’Aspremont Lynden qui, dans un télex du 6 octobre 1960, souhaitait l’« élimination définitive » d’un Lumumba déjà destitué et prisonnier.

Lorsque, en novembre 1960, Lumumba est rattrapé après avoir tenté de fuir et de rejoindre ses partisans à Stanleyville (Kisangani), les autorités belges insistent pour qu’il soit transféré au Katanga, où ses pires ennemis ont juré sa perte. Comme on aurait pu le prévoir, cinq heures après son arrivée, Lumumba et ses deux compagnons, Joseph M’Polo et Maurice Okito, sont exécutés par des gendarmes et des policiers katangais, en présence d’un commissaire de police et de trois officiers de nationalité belge.

Si l’énumération des faits relevés est implacable, le rapport se termine cependant par un bémol : la commission constate qu’à aucun moment le gouvernement belge ou un de ses membres n’a donné l’ordre d’éliminer physiquement le premier ministre congolais et conclut donc que certains membres du gouvernement belge de l’époque ont une « responsabilité morale » dans les circonstances qui ont conduit à l’assassinat de Lumumba. La commission laisse au Parlement le soin de se prononcer sur une qualification plus précise des charges et sur d’éventuelles réparations. Bien que les députés, désireux d’obtenir un consensus, ne se soient pas avancés sur la responsabilité politique des autorités de l’époque, leur travail est d’une grande honnêteté intellectuelle et n’a pas fini de faire des vagues.

Car l’une des conclusions de la commission d’enquête atteint directement l’image d’un homme auquel de nombreux Belges vouent un véritable culte : le roi Baudouin. Ce dernier, très hostile à Lumumba et très favorable à Moïse Tschombé, le leader sécessionniste du Katanga, a mené au Congo sa propre politique. Informé des menaces qui pesaient sur la vie du premier ministre congolais, il n’en informa pas le gouvernement. Adressant un blâme discret à l’institution monarchique, la commission rappelle que « chaque acte du chef de l’Etat qui peut avoir directement ou indirectement une influence politique doit être couvert par un ministre ».

Les archives dépouillées par les experts éclairent aussi la politique menée par la Belgique au Rwanda et au Burundi : des documents rappellent ainsi que Bruxelles, en 1960, avait assigné à résidence le fils du mwami (roi) du Burundi, le prince Louis Rwagasore, et n’envisageait sa libération que s’il s’abstenait de toute activité politique. Un an plus tard, Rwagasore, devenu premier ministre, était assassiné par un tueur grec à la solde du Parti démocrate chrétien (PDC), proche de la Belgique et de l’Eglise.

Congo, Rwanda, Burundi : les autorités belges, une autre génération politique dans un Etat devenu fédéral, ont entrepris de mener jusqu’au bout la recherche de la vérité sur la politique africaine menée jadis par l’Etat unitaire. Elles espèrent qu’une telle démarche permettra de tourner la page sur un passé peu glorieux et de reconstruire de nouvelles relations avec l’Afrique. La Belgique espère, en particulier, contribuer à faire revenir la paix dans un Congo qui ne s’est jamais remis du crime d’Etat commis en 1960 (8).

Colette Braeckman.


28/10/2007
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