To Telema Mpo Na Kongo

To Telema Mpo Na Kongo

Les Peres Du Nationalisme Congolais

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Le phenomene du Nationalisme Kongolais debute avec Patrice Lumumba en 1961, Pierre Mulele etait un des ministre de Lumumba, il continua la lutte contre "l'occupant" jusqu'en 1968. Laurent Desire Kabila s'engagea aussi pour l'exaltante lutte de l'emancipation du peuple Kongolais.

10/10/1958: Fondation du MNC-L (Mouvement National Congolais–Lumumba). Un mouvement créé dans la foulée de la lutte contre le colonialisme belge et qui incarnait les aspirations véritables des Congolais. Le programme politique formulé dans le feu de la lutte par Patrice Emery Lumumba et ses compagnons de lutte (Mpolo, Okito et Mbuyi) avait contraint le colonialisme belge à se retirer temporairement du Congo le 30 juin 1960 tout en apportant un soutient tacite à ses valets en l'occurrence Kasavubu, Tshombé, Adoula et le tristement célèbre Joseph-Désiré Mobutu qui organisa, quelques mois après, un coup d'Etat puis l'assassinat ignoble de Lumumba et de ses compagnons.

9/10/1967: Le guérillero et révolutionnaire Ernesto Guevara de la Serna dit «Che» meurt en plein maquis, à la Higuera en Bolivie, assassiné, sous les ordres du président Barientos et des services secrets américains, la CIA en l'occurrence. En matière de lutte pour la libértation des peuples opprimés, la vie du révolutionnaire cubano-argentin est très riche en expériences. L'une d'entre elles est celle du Congo. Ainsi, à la demande de la direction du Mouvement de Libération du Congo, par le truchement de ses dirigeants Mulele, Kabila et Mitudidi , Che Guevara, alias Tatu, débarqua clandestinement avec une poignée d'hommes au Congo le 25 avril 1965 afin d'apporter une assistance médicale, militaire et politique aux révolutionnaires congolais. En vue de renverser le régime néo-colonial incarné par le bichon Joseph-Désiré Mobutu. Il est vrai que les rapports de forces sur le terrain n'avaient pas permis au Che de réaliser son rêve en Afrique; celui d'aider les peuples du Congo à se libérer définitivement du joug colonial et néo-colonial. Avec l'arrivée des mercenaires sud-africains et le soutien de l'impérialisme belge et américain aux hommes de Mobutu, l'insurrection ainsi déclenchée a essuyé une défaite temporaire. Pour autant, les révolutionnaires congolais ont vite compris qu'ils devaient reculer pour mieux sauter.... Fort de ce constat, Kabila, après l'assassinat de ses compagnons Mulélé et Bengila, a juré de ne pas déposer les armes. Pour ce faire, il n'a pas accepté non plus passer un quelconque compromis avec le régime du laquais Mobutu. Il a plutôt su tirer leçon de leur « échec » et trouver les ressources nécessaires pour renverser 29 ans après le régime opaque de Mobutu avec l'entrée à Kinshasa de ses hommes regroupés au sein de l'AFDL le 17 mai 1997 après une guerre de libération de 7 mois.

3/10/1968: Lâche et barbare assassinat du révolutionnaire congolais Pierre Mulele et de son compagnon Théodore Bengila par les sbires dcouple Mobutu/Bomboko. Cette tuerie s'est déroulée dans une cruauté on ne peut plus bestiale. Vivants, on leur a coupé le nez, tiré les yeux des orbites, arraché les oreilles et organes génitaux ; amputé les bras puis les jambes. Leurs restes ont été jetés dans un sac et après, dans le fleuve. Pierre Mulele fut ministre de l'Education nationale dans le premier gouvernement nationaliste dirigé par Patrice Lumumba et il était le plus proche de Lumumba. Après l'assassinat de celui-ci, Mulele a eu tout d'abord le mérite de perpétuer ses idées en quittant le Congo de Mobutu pour aller dans les pays de démocratie populaire notamment en Chine et en Russie pour aller acquérir cette indispensable formation politique et militaire qui manquait cruellement aux nationalistes, patriotes congolais pour venir à bout des colons belges et de leurs laquais. De ce fait, dès son retour au Congo, il créa un maquis au Kwilu-Kwango en août 1963 pour propager justement cette formation politique et militaire dans la paysannerie congolaise afin d'accélérer la chute de l'ordre néo-colonial. Ainsi, Pierre Mulele fut le premier révolutionnaire en Afrique à déclencher une insurrection populaire contre le pouvoir anti-peuple de Mobutu.

source: http://www.togoforum.com/TL/TL03/MS100903.htm

Photo========> Lumumba, Mulele, Kabila sont les peres de la Revolution Congolaise, des vrais Panafrikanistes!

Citations de Pierre Mulele

385462793.jpg " * Comment nos ancêtres ont été colonisés "

"Nos ancêtres étaient libres et indépendants dans leur pays. Un jour, les Blancs sont venus pour les coloniser. De village en village, ils ont distribué du sel et du poisson salé pour les acheter. Mais nos ancêtres refusaient. Puis, les Blancs faisaient tonner le fusil. Avant d'entrer dans un village, ils tiraient un coup de canon au milieu des huttes. Les Noirs arrêtés l'arc ou la lance à la main étaient fusillés sur place. Les Blancs nous contraignaient à payer des impôts et à exécuter des travaux forcés. Puis, ils envoyaient des prêtres avec mission de nous convaincre de travailler volontairement pour les Blancs. Nous ne voulions même pas les écouter. Ils arrachaient alors des petits enfants à leurs mères, en prétextant qu'ils étaient orphelins. Ces enfants travaillaient durement dans des fermes pour y apprendre la religion des Blancs.

Petit à petit, ils nous ont imposé leur religion. Que nous raconte-t-elle? Elle nous apprend qu'il ne faut pas aimer l'argent, il faut aimer le bon dieu. Mais eux, n'aiment-ils pas l'argent? Leurs compagnies, comme les Huileries du Congo Belge, gagnent des dizaines de millions grâce à notre sueur. Ne pas aimer l'argent, c'est accepter un travail d'esclave pour un salaire de famine. Ils nous interdisent aussi de tuer. Mais eux, est-ce qu'ils ne tuent pas? Ici, à Kilamba, en 1931, ils ont massacré un bon millier de villageois. Ils nous interdisent de tuer, simplement pour nous empêcher de combattre l'occupant. Les prêtres nous défendent aussi de voler. Mais eux, ils nous ont volé notre pays, nos terres, toutes nos richesses, nos palmeraies. Quand un homme vole chez un Blanc, il doit aller le dire à confesse. Alors le prêtre court prévenir le patron blanc et le Noir est chassé de son travail et mis en prison. "

Extrait de Abo, une femme du Congo, Ludo Martens, Ed. EPO, Bruxelles, 1995, page 68

* Pour sortir de la misère, il faut faire la révolution

"Nous allons faire une révolution pour chasser les Blancs et pour nous occuper nous-mêmes de notre pays. Mais, pour comprendre la révolution, il faut d'abord connaître les cinq étapes de l'humanité. La société n'est pas immuable, l'humanité progresse par étapes.

D'abord, l'homme a vécu dans la société primitive. Les gens vivaient ensemble, à peine séparés des animaux. Ils n'avaient de force qu'en se regroupant. Ainsi, en bandes, ils luttaient contre les animaux, allaient à la pêche et à la chasse. Ils étaient encore sauvages, presque des animaux, mais ils avaient l'intelligence. Il n'y avait pas de différences de classe, tous faisaient les mêmes travaux. Ils ont inventé le feu et les instruments de la chasse, en pierre et en bois. Après, ils ont commencé à travailler la terre et à produire beaucoup de nourriture. Il y a eu une division de travail.

A ce moment ont surgi l'inégalité, la haine et la jalousie. Il y avait des chefs qui dominaient les autres. Puis les différentes bandes ont commencé à se faire la guerre pour prendre des esclaves qu'ils faisaient travailler pour eux. On a vu la classe des seigneurs qui possédaient tout et la classe des esclaves qui n'avaient aucun droit. Les riches ne travaillaient pas, ils disposaient du temps nécessaire pour organiser une armée afin de mater les esclaves Ils trouvaient aussi le loisir d'apprendre à lire et écrire et d'étudier les secrets de la nature. Ils ont inventé le métier à tisser et des instruments pour labourer la terre. La société produisait maintenant beaucoup plus de richesses. Mais les esclaves ne cessaient de lutter contre les tyrans pour qui l'esclave n'était qu'une bête. Finalement, les esclaves refusaient de travailler et la production régressait.

Alors les maîtres ont dû accorder la liberté à leurs esclaves et leur permettre de travailler un lopin de terre. Mais les seigneurs féodaux continuaient à posséder la terre et les instruments de travail. Les gens étaient devenus des serfs, ils n'étaient plus esclaves, ils avaient une certaine indépendance mais ils devaient livrer une grande partie de leur récolte au seigneur. Dans cette société féodale, la connaissance des hommes a progressé. On a inventé la charrue de fer, la forge, la roue hydraulique. Les hommes ont commencé à apprendre le métier de tisserand, d'armurier, de meunier, de cordonnier On a créé des villes et le commerce s'est développé avec des pays lointains. Mais souvent, les paysans et les artisans se sont soulevés contre leurs exploiteurs.

Quand les marchands avaient amassé beaucoup d'argent, ils ont inventé les machines Les riches ont créé des usines et les pauvres, qu'on chassait de leur terre, étaient obligés de se vendre aux riches pour aller travailler dans leurs usines. Ainsi on a eu des capitalistes qui exploitent des ouvriers. C'est comme les Huileries du Congo Belge où vous allez travailler durement pour un petit salaire Les usines créent beaucoup de produits différents en grande quantité, mais tout appartient au capitaliste. Au Congo, les capitalistes belges possèdent les usines, les machines et les richesses du sous-sol. Ils sont venus 'razzier' les Noirs dans leurs villages, même ici, au Kwilu, pour les déporter au Katanga où ils peinent dans les mines.

La révolution socialiste, c'est les travailleurs et les pauvres qui s'emparent des usines, chassent les capitalistes et font tourner les usines au service de la population qui travaille."

Extrait de Abo, une femme de Congo, page 69-71


Discours de Patrice LUMUMBA, Premier ministre et ministre de la defense nationale de la République du Congo, à la cérémonie de l' Indépendance à Léopoldville le 30 juin 1960

 « A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cours, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l'histoire glorieuse de notre lutte pour la libertés.

     Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd'hui dans l'entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d'égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c'est par la lutte qu'elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n'avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. C'est une lutte qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu'au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l'humiliant esclavage, qui nous était imposé par la force.

     Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire.

     Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d'élever nos enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu'à un noir on disait « Tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « Vous » honorable était réservé aux seuls blancs ?

     Nous avons connu nos terres spoliées au nom de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort, nous avons connu que la loi n'était jamais la même, selon qu'il s'agissait d'un blanc ou d'un noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine Pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou, croyances religieuses : exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort même. Nous avons connu qu'il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillotes croulantes pour les noirs : qu'un noir n'était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits européens, qu'un noir voyageait à même la coque des péniches au pied du blanc dans sa cabine de luxe.

     Qui oubliera, enfin, les fusillades où périrent tant de nos frères, ou les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient pas se soumettre à un régime d'injustice ?

     Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert, mais tout cela aussi, nous, que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cour de l'oppression colonialiste, nous vous le disons, tout cela est désormais fini.
La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants (.)
  

 

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http://www.youtube.com/watch?v=eVQvNIn37Yo

http://fr.youtube.com/watch?v=CUH2_pGIXkI

http://fr.youtube.com/watch?v=F1JzlUrEb4A

http://fr.youtube.com/watch?v=JGnGFaJqmzU

http://fr.youtube.com/watch?v=qTnNS-Ty4rU

http://fr.youtube.com/watch?v=ZqHQFtlUD5Q

http://fr.youtube.com/watch?v=zjhagNy55mc

http://fr.youtube.com/watch?v=k-NI6NHelhY

http://fr.youtube.com/watch?v=NIkXdfI2_xE

http://fr.youtube.com/watch?v=jHuNpImvzEY


19/11/2007
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Biographie

 

Pierre Mulele

1929-1968 

Ancien ministre et chef rebelle

Pierre Mulele naquit le 11 juillet 1929 à Isulu-Matende, un petit village situé dans le secteur de Lukamba sur le territoire de Gungu (Bandundu). Son père, Benoît Mulele, avait fait des études d'infirmier. Il était l'un des premiers intellectuels de la région. Sa mère s'appelait Agnes Luam. Le jeune Pierre bénéficia de 

           

bonnes conditions d'éducation ; son père lui avait appris l'alphabet avant qu'il n'aille à l'école. Benoît Mulele était très aimé par la population de la région d'Idiofa. Il prenait à coeur le sort des malades les plus démunis. C'est dans cet esprit qu'il éleva ses enfants. A l'école, le jeune Mulele était connu pour son aversion de l'injustice. Désigné comme surveillant du dortoir des plus jeunes élèves à l'école moyenne de Leverville (actuelle Lusanga), il ne dénoncera jamais un seul élève.

En janvier 1951, Mulele, jugé «rebelle» et anticolonialiste, fut renvoyé de l'Ecole d'Agriculture. Le directeur l'envoya à l'armée, où il obtint après six mois le grade de caporal.

Très jeune, Mulele était déjà un organisateur. Il comprit très tôt que les opprimés devraient s'organiser pour devenir une force. En 52, il demanda à son ami Fernand Nima de regrouper les anciens élèves de la mission de Leverville qui résidaient à Léopoldville. Nima fonda l'Unamil, l'Union des anciens élèves de la mission Leverville. Après sa démobilisation, Mulele arriva, début 1953, à Léopoldville. Il y fut engagé par la Direction générale des bâtiments civils comme commis de deuxième classe.

Dès son arrivée, Mulele organise au sein de l'Unamil des causeries contre le colonialisme. Il fut aussi actif dans l'Apic, l'Association du personnel indigène de la colonie, une organisation syndicale. Dès 1953, il se lance dans une campagne visant à obtenir l'égalité des droits entre les fonctionnaires blancs et noirs. Cette campagne pour «le statut unique» impulse la prise de conscience nationaliste de nombreux « évolués ». Le 10 octobre 1958, Lumumba fonde le Mouvement National Congolais (MNC). Mulele estime que ce parti est trop lié aux colonisateurs puisque des éléments comme Ileo et Ngalula, proches de l'Eglise catholique et de l'administration coloniale, se trouvent à sa direction. Ce n'est qu'en juillet 1959 après les défections de Ileo, Ngalula, Kalonji et Adoula. que le parti de Patrice Lumumba trouvera grâce aux yeux de Mulele qui va encourager le rapprochement avec le Parti Solidaire Africain, à la naissance duquel il a participé.

C'est la révolte de Léopoldville, qui a précipité la fondation du Parti Solidaire Africain, comme en témoigne Pierre Mulele : «Les nôtres se sont vaillamment battus sans armes. S'ils avaient disposé d'une bonne organisation et d'armes en suffisance, ils auraient pu libérer la ville».

La mort de Lumumba pousse Mulele à entrer au maquis

L'assassinat de Patrice Emery Lumumba en janvier 1961 a profondément révolté Pierre Mulele. Ce qui le conduira quelques années plus tard à prendre le maquis dans sa région natale du Bandundu pour poursuivre l'œuvre du « maître ». De décembre 1967 à septembre 1968, Pierre Mulele et ses lieutenants, dont sa fidèle compagne Léonie Abo, installés à Matende-Lukamba, animent le mouvement insurrectionnel. Harcelé par les troupes de Mobutu et ses mercenaires, Pierre Mulele qui doit faire face à d'insurmontables difficultés logistiques, continue inlassablement à poursuivre la formation politique et idéologique de ses partisans. Mais les renforts en armes, en hommes et en cadres lumumbistes qu'il attend de Brazzaville tardent à venir.

C'est ainsi que le 12 septembre 1968, en compagnie de Léonie Abo et de Joseph Makindua, Pierre Mulele embarque dans une petite pirogue pour Brazzaville. Arrivés dans la petite capitale congolaise le 13 septembre, Mulele et ses compagnons sont immédiatement placés en résidence surveillée au « Camp de la milice ».

A plusieurs reprises, le chef maquisard va s'entretenir avec de nombreux officiels de Brazzaville. Le 27 septembre, il est enfin autorisé à rencontrer ses compatriotes, des camarades lumumbistes résidant à Brazzaville. Mais les autorités du Congo-Brazzaville déjà en pourparlers avec leurs collègues de Kinshasa intiment pratiquement à Pierre Mulele l'ordre de rejoindre la rive gauche du fleuve pour prendre part au processus de réconciliation nationale dans le cadre de l'amnistie générale proclamée par le président Mobutu. Selon plusieurs témoignages, de nombreux cadres lumumbistes exilés à Brazzaville vont essayer, en vain, de convaincre les autorités de ce pays de ne pas tomber dans le piège que leur tendait Mobutu.

Le 28 septembre, Justin Marie Bomboko, le ministre des Affaires étrangères de Mobutu signe avec son collègue de Brazzaville un accord secret qui garantit la sécurité de Pierre Mulele et de ses compagnons. A la sortie de l'audience que lui accorde le président Marien Ngouabi, le ministre Bomboko déclare : «L'amnistie générale décrétée à Kinshasa par le général Mobutu, est valable pour tous. Nous accueillons donc M. Mulele en frère. Il travaillera avec nous pour la libération totale de notre pays».

Le retour à Kinshasa

Le 29 septembre à 11 heures, Justin Marie Bomboko offre une somptueuse réception sur le yacht présidentiel que Mobutu a mis à sa disposition pour ramener au pays Pierre Mulele. Le tout Brazzaville et le héros du jour, Pierre Mulele, y participent. En début d'après-midi, l'imposant yacht met le cap sur Kinshasa. A son bord Pierre Mulele, Léonie Abo, Joseph Makinda, et deux autres compagnons, Théodore Kabamba et Zénon Mibamba.

Pierre Mulele et sa femme, hôtes de Justin Marie Bomboko, passeront la nuit dans la résidence officielle du ministre des Affaires étrangères. Les trois jours suivants, Pierre Mulele recevra dans cette résidence des dizaines d'amis venus le saluer. La seule formalité qu'ils ont à accomplir est de faire enregistrer leur nom auprès des soldats commis à la garde.

Un des visiteurs, Germain Mwefu, un ami d'enfance, fait à Mulele cette confidence : «A l'extérieur, nous entendons des rumeurs disant que l'on va te tuer. La situation est grave, il faut que tu prennes la fuite.» Ce qui lui vaut cette réponse énigmatique de Pierre Mulele: «Je ne suis pas allé à Brazzaville pour arriver à Kinshasa. Il y a eu un changement là-bas et cela m'a amené ici. Il y a trois choses: la naissance, la vie et la mort. J'ai fait tout ce que je pouvais, j'ai semé les bonnes graines, elles ne sont pas tombées sur les rochers mais dans la bonne terre. J'attends maintenant mon dernier jour.»

Le 2 octobre, soit le quatrième jour de son retour à Kinshasa, vers 17 heures, Pierre Mulele, sa compagne Abo, une de ses soeurs Thérèse et son camarade Zénon Mibamba prennent place à bord d'un véhicule mis à leur disposition par le ministre Bomboko. Après avoir traversé le boulevard du 30 juin, le chauffeur qui a reçu des ordres, emprunte l'avenue du 24 Novembre et les conduit enfin au camp militaire Lieutenant colonel Kokolo où les a déjà précédé Théodore Bengila. Ce dernier apercevant Mulele lui lance : «Vous aussi, vous êtes venus pour qu'ils nous tuent tous ensemble?

Toutes les personnes qui étaient venues cet après-midi là rendre visite à Pierre Mulele dans la résidence de Bomboko, sont également amenées au camp militaire. Parmi elles la mère de Mulele, Mama Agnes Luam et Annie, la fille de Bengila. Toutes ces personnes seront tenues au secret pendant trois mois au camp Kokolo, sans savoir ce qu'il sera advenu de Pierre Mulele.

Pierre Mulele et Théodore Bengila sont immédiatement séparés de leurs compagnons et enfermés dans un petit local.

Un assassinat barbare

Pierre Mulele et Théodore Bengila vont être assassinés au cours de cette nuit du 2 octobre 1968. La cruauté et la bestialité avec lesquelles Mulele et son compagnon d'infortune vont être mis à mort couvriront à jamais d'ignominie et de honte le régime qui a ordonné une telle sauvagerie. Avant de mourir, Pierre Mulele connaîtra des souffrances extrêmes. Alors qu'il est toujours vivant, les bourreaux lui arrachent les oreilles, lui coupent le nez, retirent ses yeux de leurs orbites. Ils lui arrachent ensuite les organes génitaux. Alors qu'il est toujours vivant, ils lui amputent les bras et les jambes. Les restes de son corps seront ensuite jetés dans un sac et immergés dans le fleuve. Théodore Bengila a subi le même sort. Ce meurtre illustre toute la cruauté et toute la bestialité du néo-colonialisme qui, depuis 1960, a ravagé et détruit le Congo. Le devoir de mémoire nous impose de revisiter ces témoignages insoutenables et d'évoquer l'horreur et la barbarie de la mise à mort de Pierre Mulele.

Le président Mobutu prétendra quelques années plus tard, que la mise à mort de Pierre Mulele avait été l'initiative d'un petit groupe d'officiers indisciplinés qui voulaient venger leurs camarades tombés dans les combats contre les maquisards au Bandundu. Ce qui est une flagrante contrevérité, car Pierre Mulele a été assassiné le jour même où le général Mobutu qui était à l'étranger, est rentré à Kinshasa.

A juste titre, le livre du belge Ludo Martens « Pierre Mulele ou la seconde vie de Patrice Lumumba », publié en 1985, se termine sur ces phrases: «Lumumba et Mulele assassinés, on n'a jamais retrouvé leurs corps. Mais rien ne pourra empêcher les révolutionnaires du Congo-Kinshasa de retrouver la pensée de Lumumba et de Mulele. Le jour où l'avant-garde des forces nationalistes aura assimilé cette pensée, un nouvel espoir naîtra dans le coeur des millions d'opprimés, rendus muets depuis vingt ans. (...) Dans cet immense cimetière qu'est devenu le Congo mobutiste, la vie rejaillira immanquablement et avec impétuosité sous le drapeau des deux héros nationaux qui font à jamais la fierté du peuple congolais: Patrice Lumumba et Pierre Mulele.»

Tel fils, Telle mère

Dix ans après l'assassinat de Pierre Mulele, Mobutu juge nécessaire d'exécuter sa vieille mère, Agnès Luam. En janvier 1978, dans la région de Lukamba, un prophète du nom de Martin Kasongo Mimpiepe prétend être Mulele ressuscité. L'armée, qui fait la chasse aux nouveaux mulelistes qui se sont réfugiés dans la forêt massacre quelque deux mille paysans de la région d'Idiofa. Tous les membres du clan et toute la parenté lointaine ou proche de Mulele sont particulièrement traqués. C'est ainsi que Mama Agnès Luam, la mère de Pierre Mulele, est arrêtée et exécutée devant les villageois de Lukamba.Dans un texte rédigé par des témoins le 28 avril 1978, on lit: «Les militaires lièrent la maman avec des cordes en formant une croix ». Avant qu'elle ne soit fusillée, elle interpella les soldats en ces termes: « Vos mamans vous ont mis au monde; est-ce qu'elles savaient que vous deviendriez des militaires? ». Les soldats tireront à plusieurs reprises sur elle avant que leurs balles ne l'atteignent. Ils couperont ensuite, avec des poignards, son corps en plusieurs morceaux qu'ils enterreront en différents endroits.

Au coeur de Kinshasa, l'avenue Pierre Mulele

Le matin du 8 février 2002, le gouverneur de la ville, le professeur Loka Ne Kongo, signe l'arrêté suivant : «Considérant le combat historique mené par Pierre Mulele dans la lutte de libération de la République démocratique du Congo, considérant le martyre subi par ce combattant de la révolution pour la sauvegarde de l'indépendance et de la souveraineté, considérant le devoir de l'immortaliser dans l'histoire de la ville de Kinshasa, le gouverneur arrête: Article Un, - l'Avenue de la Libération est rebaptisée Avenue Pierre Mulele.»

C'est un événement de taille, comme l'affirme le général major Faustin Munene, neveu de Pierre Mulele: «C est une très grande, une très belle journée!». Ce 8 février 2002, une cérémonie émouvante a lieu au centre de Kinshasa. L'avenue qui, en 1968, a conduit Pierre Mulele à la mort au Camp Kokolo a été rebaptisée du nom du martyr. Le ministre Abdoulaye Yerodia, qui préside la cérémonie commence son discours par des mots très simples: «J'ai hâte de dévoiler cette plaque de l'Avenue Pierre Mulele». La voix brisée par l'émotion, il poursuit «Il n'y a pas beaucoup de gens à qui ça fait quelque chose d'entendre le nom de Pierre Mulele. Ce qui n'est pas le cas pour nous qui l'avons suivi dans sa lutte… ».

En effet, le choix de cette rue n'est pas un fait de hasard. Cette avenue de la Libération, qui va porter désormais le nom du chef du maquis du Bandundu s'est appelée autrefois «avenue des Victimes de la Rébellion» et ensuite «avenue du 24 Novembre», jour du coup d'Etat de Mobutu en 1965. C'est bien une revanche qu'elle devienne aujourd'hui l'«avenue Pierre Mulele». Car, comme le rappelle Abdoulaye Yerodia, «Pierre n'a pas de tombe. Sa tombe, ce sont les flots du fleuve, les flots multipliés par le nombre de morceaux de son corps puisque Mulele, vivant, fut découpé en tranches, taillé en pièces dans un endroit qui est toujours là, sur cette avenue qui porte maintenant son nom ».

Adapté des articles de Rich Ngapi (Le Potentiel)


28/10/2007
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