To Telema Mpo Na Kongo

To Telema Mpo Na Kongo

Nos ancêtres les Kongos

"Si on peut définir une nation à partir de l’unité historique et de la culture commune et collective de son peuple, on peut affirmer que le Congo est bel et bien une nation. Les quatre principaux ensembles ethniques (Bangala, Bateke, Bakongo et Loango) qui habitent le territoire congolais constituent bien un peuple qui a une histoire et une culture communes, depuis la région des Grands Lacs d’où ils proviennent tous jusqu’à la construction de leur pays Kue Ngo, c’est-à-dire «Chez la Panthère», devenu Congo en français et Kongo en portugais, à cause de la lutte qu’ils ont menée contre les panthères qui régnaient dans cette partie de la terre, pour former le Congo actuel."


L'empire Kongo était un empire de l'Afrique du sud-ouest, situé dans des territoires du nord de l'Angola, de Cabinda, de la République du Congo, et l'extrémité occidentale de la république démocratique du Congo. À son apogée, il s'étendait de l'Océan Atlantique jusqu'à l'ouest de la rivière Kwango à l'est, et du fleuve Congo jusqu'à la rivière Loje au sud. L'Empire, comprenant six provinces, était dirigé par un monarque, le Manikongo (Mani Kongo) des Bakongo (les Kongo, les suivants de Kongo. Sing.: N'kongo), mais sa sphère d'influence comprenait également les territoires et États voisins.


Les Kongos (également connus sous le nom de Bakongo, qui est le pluriel de Kongo en kikongo) vivent sur la côte de l'Océan Atlantique de l'Afrique Pointe-Noire, (République du Congo) jusqu'à Luanda (Angola) et vers le centre du continent. À la fin du XXe siècle, ils sont évalués à environ 10.220.000 individus.



Histoire

Le peuple Kongo migra en son territoire actuel dans le courant du IIIe siècle de notre ère, en provenance du sud, après une migration en spirale, sous la conduite de leurs dirigeants: Tuti Dia tiya, Kodi Puanga etc. En 1482, les Portugais atteignirent les côtes sous la conduite de Diégo Caô. Les Kongo établirent des relations diplomatiques, qui prévoyaient également l'envoi d'une délégation à la cour royale du Portugal en 1485. Les dirigeant Kongo furent rapidement convertis au christianisme par les missionnaires européens. De plus, certains voulurent importer les moeurs et rites portugais, ce qui déplut à la plus grande partie du peuple. Qui plus est, vers 1452, un prophète, Ne-Buela Muanda, prédit l'arrivée des portugais et la mise en esclavage physique et spirituel de beaucoup de Kongo. Il en résulta des tensions entre adeptes du Christianisme et les adeptes des religions Kongo. En 1526, les Portugais furent expulsés, mais ils s'allièrent contre les Kongo à des chefs militaires Kongo rebelles de la province de Yaka: Jagas (Bayaka) in 1568. Le Royaume Kongo ne retrouva jamais sa grandeur passée. Les années suivantes virent les Bakongo se battant alternativement contre et avec les Portugais, les hollandais, les anglais pour finalement être colonisés en 1885. Le parti politique Bakongo ABAKO, après les communautés kimbanguiste et bundi dia Kongo joua un rôle important dans l'indépendance du Congo en 1960.

Le royaume levait des taxes, établit le travail obligatoire, de ces citoyens pour financer sa stabilité sociale. En effet, la prise en charge de la frange la moins favorisée de la société était le devoir principal du roi. Le roi pouvait être un homme comme une femme. Quand c'était un roi, son épouse était la première dame du pays, et pouvait choisir et répudier son mari, le destituer, lever l'armée etc.

Les jours de travail étaient règlementés, de sorte qu'un jour de repos par sept jours soit accordé à chaque personne, mais par roulement selon les provinces et les clans. La semaine Kongo est constituée de quatre jours, le mois de 28, et on compte quatre jours de repos par mois (1 tous les 7 jours). Contrairement à nombre de sociétés non-africaines de la même époque, le système social est plus favorable aux moins nantis, dans la mesure où : les propriétaires de terrains, les employeurs et toute la classe aisée devait prendre en charge les plus démunis, sous peine de déshnonneur. Par exemple, il était obligatoire qu'un employeur fasse travailler ses employés le matin et leur laisse l'après-midi pour produire pour leur famille et leur bien personnel. Tout manquement pouvant s'accompagner de discrédit social. Quant au roi, il était le responsable de toutes ces franges de la société. Il était élu par un groupe de gouverneurs, habituellement des chefs de parties importantes et par la suite par les officiels portugais. Les villes étaient généralement dirigés par des chefs de village, devant qui ils étaient responsables. Tous les membres du gouvernement étaient investis dans leurs fonctions sous des conditions de compétence, de respect des moeurs et avec l'aval des autorités spirituelles.
kongo) nous introduit dans le domaine de la communication interculture.

   

Religion



La religion Kongo considère le monde comme multi-dimensionnel. a savoir, le monde matériel et le monde spirituel sont deux espaces qui se croisent en certains points de l'univers. Les humains sont cantonnées en dimensions inférieures ou avancées (prêtres, etc.: ). Les esprits appartiennent à une autre sous-partie de cet univers d'au-moins 8 dimensions. Dans le monde des esprits se trouve la cité des ancêtres: Mpemba. Au-delà de ces mondes, se trouve Kalunga Nzambi a Mpungu Tulendo. Les ancêtres sont une classe d'intermédiaires entre le divin et l'homme. Le divin est perçu comme la cause primaire de toute chose, l'essence vitale de toute chose ainsi que la destination finale de toute chose. C'est ainsi que Kalunga est à la fois le lieu où se dirrigent les esprits, dont ils sont issus et Dieu Lui-même, source de ces esprits. Kalunga est aussi la mer primitive dont tout est sorti, l'auto-créé, le Ka qui règne sur toute chose (Ka: essence vitale; lunga= accomplir, concrétiser et régner).

La spiritualité est aussi à la base de l'organisation politique et sociale.

L'intersection entre les deux mondes a une forme de croix, d'où l'importance de ce symbole dans la pensée Kongo. De plus, le personnage de Ne-Kongo (dont vient le nom Kongo) est supposé être cette intersection de Kalunga avec le monde humain, donc un être divin sous forme humaine, symbolisé aussi par la croix. Ce sont ces similitudes avec le christianisme qui en ont facilité l'infiltration.

La descendance est matrilinéaire, et l'ensemble du peuple Kongo est regroupé autour de 12 clans, que l'on retrouve aussi dans les dénominations de nombreux peuples d'Afrique noire (ex.: les Mbenza chez les serere, Walafs etc.; ou encore les Muyabi, descendants de Nzinga, chez les Duala, Mossi etc.).


Les fondements historiques du messianisme kongo


Au XVe siècle la région côtière située de part et d’autre de l’embouchure du fleuve Congo, habitée par des peuples de la famille ethno-linguistique bantoue, était régie par un royaume dominé par le groupe ethnique kongo. Les Bakongo étaient répartis en plusieurs groupes ethniques et matriclans. Les ethnonymes actuels de ces groupes rappellent les divisions administratives de l’ancien royaume kongo : Ndibu, Wogo, Yombe, Loango, Vili, Buende, Nsundi, Nianga, Lari, Lemfu, Binza, Ntandu, Mpangu, Mbata, Zombo. La capitale de ce royaume était Mbanza Kongo. Le territoire de cette entité politique disparue et le peuple kongo sont aujourd’hui divisés entre plusieurs Etats, issus de l’acte final de la conférence de Berlin de 1885, qui sont la république d’Angola (comprenant l’enclave du Cabinda), la république du Congo (Brazzaville) et la République démocratique du Congo (Kinshasa).

1/ La christianisation précoce des Bakongo, la destruction du royaume kongo et l’Eglise antoinienne de Kimpa Vita

En 1482 et en 1485 le navigateur portugais Diego Cao est parti de l’île de Sao Tome, repaire de pirates, de dissidents politiques et de négriers, pour évaluer les possibilités de la traite des esclaves dans le royaume du Kongo. La puissance de ce royaume l’empêcha de se livrer à ses activités, aussi il repartit au Portugal avec un ambassadeur du roi du Kongo, qui voulait moderniser son pays. En 1491 le roi du Portugal envoya au Kongo une grande expédition composée essentiellement d’artisans des métiers du bâtiment et de missionnaires franciscains. Le 3 mai 1491 le roi Nzinga a Nkuwu embrassa la religion catholique, et prit le nom de Dom João Ndo Nzao, se considérant désormais comme le frère du roi du Portugal. Il décida d’envoyer en Europe un contingent d’étudiants auprès des écoles catholiques. Cette conversion rapide fut de courte durée, car les missionnaires portugais tentèrent de lui imposer les coutumes européennes, en voulant le faire renoncer à la polygamie, source de prestige et de richesses, et à la désignation de son dauphin par les électeurs de l’aristocratie. La noblesse, excédée par les excentricités du roi, se divisa. A la mort de celui-ci, son premier fils, Ndo Funsu, soutenu par la reine et par les Portugais, engagea une guerre de succession, dont il sortit vainqueur. Proclamé roi, Ndo Funsu Ier mena une politique d’évangélisation accélérée et d’acculturation du royaume kongo. Des églises catholiques furent édifiées dans tout le royaume, dont une dizaine dans la capitale, Mbanza Kongo, qui fut renommée San Salvador de Congo en 1596. Les confréries des capucins et des antoniens formèrent des prêtres autochtones, si bien qu’en 1518 le pape nomma le premier évêque kongo, Ndo Diki, fils de Ndo Funsu Ier, devenu Mgr Henrique. En 1624 de Cardoso publia le premier catéchisme en kikongo. De 1624 à 1669 les jésuites firent fonctionner un collège au Kongo. En 1648 des missionnaires italiens et espagnols s’installèrent dans le royaume. En 1652 Georges de Geel rédigea un dictionnaire trilingue kikongo-latin-espagnol. La découverte de l’Amérique et la conquête du Brésil par le Portugal modifièrent totalement l’attitude des Portugais installés au Kongo. En effet, pour exploiter les mines d’or et les plantations commerciales d’Amérique, les colons européens avaient un besoin gigantesque de main-d’œuvre, que la traite des Noirs d’Afrique pouvait résorber. Les Portugais, pourtant invités par le roi du Kongo, se transformèrent en chasseurs d’esclaves. Les villages étaient pillés, incendiés et vidés de leurs habitants, vendus comme esclaves aux Antilles et au Brésil. Mêmes les élèves des écoles chrétiennes étaient vendus par les enseignants. De cette époque est née dans la mémoire collective kongo la dichotomie entre la religion catholique prônant l’amour universel, et le monde des Blancs, expression d’une violence terrifiante à l’encontre des Noirs. Cette confrontation culturelle était d’autant plus dramatique que les Kongo avaient voulu adopter la religion des Européens sans contrepartie. En 1632, en raison de la tolérance des prêtres catholiques à l’égard des esclavagistes, un catéchiste kongo, Franscico Kassola, fonda la première Eglise chrétienne indépendante du Vatican, et se proclama « fils de Dieu ». A l’instar de Jésus Christ il parcourait les villages en réalisant des miracles (guérisons, multiplication de la nourriture, etc.). Dans ce chaos le roi Ndo Ngalasia II Mubemba a Muzinga, ou Garcia II, qui accéda au trône en 1641, engagea une politique visant à neutraliser les étrangers, Portugais et Hollandais principalement, en les opposant. Ceux-ci étaient persuadés que le royaume recelait des mines de métaux précieux et pressaient le roi de leur attribuer des concessions. A la mort du roi une nouvelle guerre de succession a éclaté entre ses deux fils, car les Portugais l’avait convaincu de renoncer aux règles traditionnelles, qui attribuaient le pouvoir politique au lignage féminin. En effet, l’organisation sociale traditionnelle kongo est matrilinéaire et clanique, et non patrilinéaire comme en Europe occidentale . La dynastie royale était organisée par un conseil de clans et de lignages nobles. Le patrimoine se transmettait de l’oncle au neveu. En invoquant l’origine divine des coutumes européennes les missionnaires semaient la zizanie au sein de l’élite kongo, qui s’entredéchira. En 1665 les Portugais, alliés à un noble du sud du royaume, ont écrasé les troupes royales à Mbwila et tué le roi Ndo Ntoni Antonio Ier . Le pays a ensuite été divisé en plusieurs royaumes soumis au Portugal. En 1700 le roi du Kongo méridional accepta la tutelle du Vatican contre la promesse de devenir le roi unique du Kongo, déclenchant ainsi une nouvelle entre les rois. Dans ce contexte de guerre civile, Kimpa Vita, ou Dona Béatrice, une aristocrate du lignage du roi Antonio Ier, membre de la société initiatique Marinda, critiqua les menées du pape, fit don de tous ses biens et partit sur les routes pour prêcher la restauration de l’unité du royaume. Recherchée par les capucins, qui l’avaient déclarée envoûtée par le diable, elle se réfugia à Mbanza Kongo, où les nobles la soutenaient. En 1704 elle fonda une Eglise nationale, en déclarant que Jésus Christ était noir, que Saint Antoine allait restaurer l’unité du royaume kongo, que les Portugais devaient être chassés d’Afrique, et que la sorcellerie et la magie devaient être combattues. Elle envoya des missionnaires, les « Petits Antoine », dans tout le royaume pour diffuser ses idées nationalistes et messianiques. Kimpa Vita se proclama vierge et sainte, mais donna naissance à un enfant métis, né d’un père portugais surnommé Saint-Jean. Sous la pression des capucins le roi de la région de Mbanza Kongo, Pedro IV, la fit arrêter pour un interrogatoire. Les capucins la considérèrent comme sorcière, et la condamnèrent à mort avec son amant pour avoir enfanté hors mariage. En dépit des émeutes, le roi accepta finalement cette condamnation, mais gracia l’enfant. Kimpa Vita et son compagnon furent livrés à l’évêque de Luanda. En 1706 ils furent brûlés vifs à Kilombo. Les disciples de Kimpa Vita continuèrent à prêcher, et organisèrent une armée sous la direction de Kibenga, épouse du roi Pedro IV. En 1709 l’armée de ce dernier écrasa cette rébellion et il fit exécuter sa femme. Les capucins déchaînèrent leur pouvoir sur la société kongo en tentant d’en faire disparaître toute trace religieuse autochtone, par la destruction de tous les objets jugés idolâtres. Le royaume kongo, divisé, vidé de ses habitants victimes de la traite, soumis à la violence idéologique des missionnaires, sombra dans la décadence. En 1740 Mbanza Kongo comptait environ 40 000 habitants ; en 1885 il n’y restait que 700 personnes. L’histoire de Kimpa Vita est resté vivante dans les esprits, si bien que les mouvements kongo de rébellion ultérieurs ont été marqués par le prophétisme religieux autochtone, d’origine chrétienne (le messie noir) et très hostile aux cultes africains (liés au diable), et par un nationalisme farouche, dont l’objectif est encore l’avènement de la modernité matérielle occidentale, tout en conservant le système social kongo. Le mouvement armé actuel des nsilulu ressemble à celui des disciples de Kimpa Vita, d’autant que leur ennemi est aussi africain.
2/ André Grenard Matsoua, militant humanitaire divinisé
André Grenard Matsoua, un Lari né dans un village proche de Brazzaville en 1899, faisait partie de l’élite autochtone formée par le colonisateur français, qui avait fondé Brazzaville en 1880, devenue capitale de l’Afrique équatoriale française (AEF) à partir de 1910. Catéchiste puis douanier, Matsoua était connu à Brazzaville pour l’organisation de réunions d’instruction civique et de causeries sur le royaume du Kongo à l’attention des lettrés. Le Congo était alors soumis à une économie de traite (caoutchouc) par les colons, mais l’administration française avait formé une petite élite de lettrés choisis parmi les Lari, originaires de la région du Pool autour de Brazzaville. Ces cadres congolais, comme leurs ancêtres du royaume kongo, étaient fascinés par les réalisations techniques des Occidentaux et voulaient en faire bénéficier leur pays. En 1921 Matsoua partit en Europe pour mieux connaître la civilisation européenne. Après un long périple en Belgique et en France il s’engagea dans un bataillon de tirailleurs « sénégalais » et participa à la guerre du Maroc (1924-25). Il devint sous-officier, puis s’installa à Paris, où il exerça la profession de comptable dans un établissement hospitalier, et suivit des cours destinés aux personnes originaires des colonies. Dans les milieux d’intellectuels originaires des colonies régnait à cette époque une certaine effervescence pour la reconnaissance de droits et libertés publiques équivalents à ceux des citoyens français. Nombre d’entre eux avaient participé héroïquement aux combats de la guerre de 1914-18 et avaient été formés dans les universités françaises. Ils n’admettaient plus d’être traités en citoyens de second rang. Ayant acquis la nationalité française, Matsoua fonda en 1926 l’Association amicale des originaires de l’AEF, populairement appelée l’Amicale, dont les objectifs étaient le secours mutuel, la prévoyance et la bienfaisance. Imbu de culture française et refusant toute violence verbale Matsoua estimait que : « Les problèmes coloniaux se résoudront d’eux-mêmes dès que s’établira un dialogue d’égal à égal entre colonisés et colonisateurs ». L’Amicale connut un succès considérable parmi les travailleurs africains de France. En 1929 deux délégués de l’Amicale effectuèrent une tournée au Congo, avec le soutien des autorités coloniales. Mais l’accueil enthousiaste des foules congolaises transforma la tonalité des discours, car le peuple réclamait l’indépendance, la justice pour les Congolais spoliés de leurs terres, et la fin du travail forcé pour les compagnies concessionnaires. Les deux délégués recueillirent une somme très importante de la part des Bakongo, qui souhaitaient adhérer au système d’assurances sociales de l’Amicale. Matsoua avait refusé de faire adhérer l’Amicale aux structures communistes en France, mais son mouvement avait fini par rejoindre la Ligue internationale contre l’impérialisme et l’oppression coloniale. En 1929 le président de cette Ligue, Senghor Lamine, intellectuel sénégalais mutilé de guerre, fut arrêté par la police française et mourut en prison. Au Congo l’Eglise catholique accusa les délégués de l’Amicale de faire « une mystérieuse propagande des principes communistes ». Ceux-ci furent arrêtés et leur collecte fut confisquée par les autorités coloniales. Un mandat d’arrêt fut délivré contre Matsoua pour escroquerie. Celui-ci fut arrêté à son domicile parisien en décembre 1929, puis transféré pour être jugé à Brazzaville par un tribunal indigène en avril 1930. Matsoua fut victime d’une procédure illégale puisqu’il avait la nationalité française. Des perquisitions violentes furent menées chez les chefs traditionnels, et des fonctionnaires lari furent mutés d’office. Matsoua et ses complices furent condamnés à la déportation au Tchad et à trois années d’emprisonnement.
3/ Désobéissance civile et répression coloniale chez les Lari
Lors du procès de Matsoua, Brazzaville fut le théâtre de la première rébellion congolaise contre les autorités coloniales. Les paysans cessèrent de ravitailler la ville, la foule envahit la mairie, s’affronta aux policiers et miliciens autochtones, et déferla en manifestations ininterrompues pendant une semaine. Les quartiers européens furent interdits d’accès aux Noirs, refoulés vers leurs quartiers de résidence, Bacongo et Poto-Poto. Les domestiques noirs entrèrent en grève générale. Cette situation se reproduisit à Pointe Noire, où les travailleurs en grève furent maltraités par des miliciens non kongo, qui avaient trouvé l’occasion de se venger de la prédominance lari dans l’administration coloniale. Sur le fondement d’informations données par des délateurs, surnommés les « flatteurs noirs » par la population, des fonctionnaires ont été mutés au Tchad et de nombreux Congolais déportés. Pendant toutes les années 1930 les Lari, jadis favoris de l’administration coloniale, se sont repliés sur eux-mêmes devant l’impossibilité d’établir le dialogue entre colons et colonisés, que Matsoua recherchait. Les Lari et leurs chefs traditionnels rejetaient les cadeaux des fonctionnaires et des missionnaires catholiques. Ils n’assistaient plus aux cérémonies officielles ni aux offices catholiques. Ils n’approvisionnaient plus les marchés de la capitale, qui restaient vides. Ils n’utilisaient plus la monnaie française. Ils ont alors pris l’habitude d’agir dans la clandestinité à l’initiative de catéchistes qui faisaient vivre l’Amicale. En 1933 cette situation empira et donna lieu à des affrontements violents en raison de la tentative de l’administration coloniale de déporter tous les Lari de la région du Pool, dont l’attitude paralysait et menaçait la capitale de l’AEF, située au cœur de cette région enclavée. Les arrestations de Lari étaient massives, car ceux-ci étaient envoyés de force sur le chantier de la ligne ferroviaire Congo-Océan, entre Brazzaville et Pointe Noire. Les villageois lari s’enfuirent en masse dans les forêts. Entre octobre 1934 et mars 1935 les Lari connurent une amélioration de leur situation grâce au nouveau gouverneur de l’AEF, Edouard Renard, hostile à l’inégalité entre les Blancs et les Noirs dans la colonie. Renard légalisa l’Amicale, devenue aussi une association pour la formation des cadres africains. Il engagea une politique sociale active en faveur des Lari par la construction de maisons, d’écoles, de centres de puériculture, etc. En se rendant au Tchad pour y rencontrer Matsoua, assigné à résidence, il fut tué dans un accident d’avion au Congo belge. Les Lari soupçonnèrent les administrations coloniales françaises et belges, ainsi que l’Eglise catholique, d’être responsables de cet accident, à cause du rétablissement de l’ancienne politique d’intimidation à leur encontre. En septembre 1935 Matsoua s’enfuit du Tchad, atteignit le Nigeria, puis rentra au Congo, où il fut arrêté et maltraité par des miliciens. Il s’évada, et après un périple entre Bangui et le Congo belge il arriva sous un faux nom à Paris, où les Africains l’accueillirent triomphalement. Ce voyage fut raconté dans toutes les maisons lari et Matsoua devint un être doté de pouvoirs extraordinaires dans l’imaginaire collectif. La mort de Renard et l’évasion de Matsoua favorisèrent l’attitude messianique des Lari au XXe siècle et leur revendication pour un « autogouvernement lari ». L’Etat colonial, puis l’Etat indépendant, dit des « flatteurs noirs », mais aussi l’Eglise catholique eurent des difficultés à regagner leur confiance. Le nouveau gouverneur de l’AEF, François-Joseph Reste, libéra les amicalistes, mais s’attira l’hostilité générale en voulant regrouper les Lari, traditionnellement installés en habitat dispersé, et leur imposant un impôt pour financer la Société indigène de prévoyance, qui devait effectuer les missions d’action sociale de l’Amicale. Celle-ci fut dissoute à nouveau en 1939. Une répression impitoyable fut menée contre les villages lari, où les miliciens et tirailleurs non kongo se livrèrent à des exactions terribles. 22 notables lari, dont Pierre Kizonzi, futur dirigeant de l’Eglise matsouaniste, furent condamnés à cinq ans d’emprisonnement et déportés. Des militants amicalistes furent exécutés en public. Les Lari se dispersèrent à nouveau dans les forêts. En mai 1940 Matsoua, redevenu militaire, fut blessé au front. Alors que l’Amicale avait fourni 3 000 tirailleurs pour combattre l’Allemagne, il fut arrêté à Paris sous l’accusation d’espionnage et emprisonné à Brazzaville. La procédure légale ne fut, à nouveau, pas respectée, car Matsoua aurait dû être jugé par un tribunal militaire. Le 18 juin 1940 les Lari répondirent favorablement à l’appel du général de Gaulle, en voulant lui confier l’argent de la collecte confisqué en 1930. Pourtant, Félix Eboué, gouverneur de la France libre au Congo, ne mit pas fin au travail forcé pour les fabricants de caoutchouc et fit exécuter des amicalistes. En 1941 Matsoua fut condamné aux travaux forcés et tué en détention par ses geôliers l’année suivante. Matsoua ayant été inhumé secrètement, les Lari ont refusé de croire à sa mort, et la rumeur a circulé qu’il était en France aux côtés du général de Gaulle. En 1944 une milice lari matsouaniste occupa les quartiers Bacongo et Poto-Poto de Brazzaville. Camille Diata, chef de cette milice, a été condamné à mort, peine commuée en 20 ans de travaux forcés (avec 13 complices à des peines de 5 à 15 ans). Les Lari exigeaient le retour de Matsoua, pourtant décédé, auquel ils vouaient un culte, ainsi qu’au général de Gaulle.

Sources:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kongo_%28ethnie%29
http://www.commission-

Que celui qui n'a pas traversé ne se moque pas de celui qui s'est noyé...

 

L'art Kongo



Cette figurine d'ivoire bakongo, de style yombé, est du 18ème siècle. Elle provient probablement d'un manche de chasse-mouches ou d'un sommet de bâton de commandement. Sculpté dans l'ivoire, cet objet usuel devenait, de ce fait, un emblème de pouvoir. Il symbolisait la fonction ou la position sociale de son proprié taire. Chez les peuples kongos, les fonctions sociales importantes étaient souvent conféréees par un "nganga"(féticheur).

Sur la partie supérieure de la figurine est représentée une maternité assise. Sur le bas, une scène de la vie familiale. Ce thème de sculpture est fréquemment repris dans tout l'art kongo et donne lieu à de nombreuses variantes.



D'origine angolaise, cette trompe de cérémonie est un superbe exemple de sculpture sur ivoire.

Elle comporte toute une série de scènes échelonnées sur plusieurs sections.

La pointe de l'instrument est à l'effigie d'un notable assis sur le dos d'un petit personnage. Il tient dans sa main droite la racine d'investiture, symbole de pouvoir.
La section suivante est ornée de formes géométriques et d'une tortue, probablement le totem d'un clan ou d'une famille. Viennent ensuite deux personnages féminins et une case de village. La section centrale est percée d'un orifice en forme de diamant, permettant l'utilisation de l'instrument. Puis une scène représente un homme assis fumant la pipe, et une femme à genoux, entourée des instruments de la vie quotidienne (arc, lance, calebasse, machette, etc. ). L'extrémité de la trompe est ornée d'une procession d'hommes portant différents instruments, et entourant un personnage à deux têtes. Assis sur le sol, celui-ci semble trancher quelque chose avec une machette. La dernière section se compose d'une succession de damiers, que prolonge un tressage en osier, sans doute destiné à protéger les bords de la trompe.

Ce type de trompe n'est pas réellement utilisé, par son propriétaire, comme instrument de musique, mais comme symbole de son pouvoir



Dans la culture des Bakongos, le masque a de nombreuses fonctions.

Les masques royaux participent de manière active à l'exercice du pouvoir. Ils maintiennent l'ordre et appliquent la justice. Cette tâche est rendue possible par leur faculté de communiquer avec les forces de l'Au-delà.

Les masques de culte sont l'apparence visible des sociétés secrètes qui jouent un très grand rôle dans la culture bakongo. Ils participent aux cérémonies d'initiation, ainsi qu'aux circoncisions.

Les masques de divination sont utilisés par les "ngangas" (féticheurs). Ils ont, en particulier, pour fonction d'identifier les sorciers qui, par leurs agissements, perturbent l'harmonie de la communauté.
Ce très ancien masque yombé appartient probablement à cette dernière catégorie.

Sources:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kongo_%28ethnie%29
http://www.tamarin.com/kongo/kongof1.html
http://www.tamarin.com/kongo/kongof7.html
http://www.tamarin.com/kongo/kongof3.html

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Que celui qui n'a pas traversé ne se moque pas de celui qui s'est noyé...
 

005 22:24    Sujet du message: Nos ancêtres les Kongos Répondre en citant

Il s’agit du catéchisme Kikongo de 1624, traduit du portugais en kikongo par un père jésuite, Mattheus Cardoso. Cette traduction ainsi que sa lecture (par les Bakongo) nous introduit dans le domai


 


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